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L'Ouvertuire de la session criminelle centrafricaine:les enjeux d'une justice équitable, neutre et impartiale

La session criminelle 2018 vient d’être ouverte au tribunal de grande instance de Bangui. A jour, des situations criminelles relatives à la crise centrafricaine où les exigences de procès équitables doivent dépasser les considérations communautaires liées aux milices rebelles ex- Antibalaka et ex- Séléka présentes dans le rang des accusés. De ce fait, le procès du Général Andjilo, chef rebelle Antibalaka en cour, doit marquer le type d’une justice centrafricaine équitable, neutre et impartiale, afin de lutter contre l’impunité et honorer la mémoire des victimes, soigner les cœurs brisés, favoriser la réconciliation et la concorde nationale. Cependant, les gens ont remarqué que les accusés nourredine, Abdolaye Hisssène, Aroun Gaye, tous des hauts responsables Séléka contre qui des centaines de plaintes ont été déposées, ne sont pas présents à l’audience. De ce fait, va- t-on les juger par contumace ou la cour va se dessaisir au profit de la Cour Pénale Spéciale ?

L’histoire retient de la Centrafrique un peuple meurtrier,  cruel et sanguinaire à cause de la crise que le pays traverse et qui a pris plusieurs dimensions notamment l’éclatement de la cohésion sociale entre les deux communautés chrétienne et musulmane. Il est question de rendre justice aux victimes du conflit, de supprimer l’impunité qui a prévalu dans le pays et refondre la société sur des aspirations profondes d’amour et de tolérance. Or, le contexte dans lequel s’ouvre cette session criminelle est particulier dans la mesure où l’histoire Séléka et Antibalaka n’est pas perçue de la même manière par toutes les populations. Pour Les uns, seules les milices Séléka qui ont introduit la crise doivent répondre de leurs actes devant la justice, comme les Antibalaka étaient ce mal nécessaire, surgi du néant qui a stoppé le massacre planifié des Séléka. Ils doivent donc être considérés comme des héros nationaux en raison de leur sursaut patriotique qui a mis fin à la terreur Séléka. Alors, les autres vous diront que les Antiblaka sont les voleurs de nos troupeaux, ceux qui veulent nous exterminer…

Nous savons que tous ces groupes rebelles sont à l’origine des exactions, des crimes commis jusqu’à nos jours,notamment les crimes de guerre,crimes contre l’humanité, crimes de génocides et autres, prohibés par les textes de loi nationaux et internationaux.  Ainsi, la session criminelle de 2018 s’ouvre avec l’affaire du Général autoproclamé Ngaïbona Rodrigue dit Andjilo, l’un des hauts responsables Antibalaka qui a été arrêté en 2014 sous la transition de Cathérine Sambapaza par une équipe de patrouille du contingent Camerounais. Pendant son arrestation, cette équipe de patrouille avait mis la main sur une importante somme d’argent estimée à plus de cent millions de francs CFA(100.000000)en liquide, laquelle somme avait été ensuite détournée par la même équipe . Vu les enjeux de ces procès, cette session criminelle est placée sous haute surveillance militaire. Il y a sur le lieu la présence des forces onusiennes de sécurité et des forces de l’ordre nationales déployées pour la circonstance, afin d’empêcher l’attaque de la cour par un quelque groupe de milices rebelles.

L’instruction a retenu contre le Général Andjilo cinq charges dont l’assassinat, l’association de malfaiteurs, vols aggravés, séquestration et détention illégale d’armes et minutions de guerre. Le Général autoproclamé a rejeté en bloc tous les faits qui lui sont reprochés par la cour et se contente de dire vulgairement :  je ne sais pas,  je ne connais pas X ou Y, je ne sais rien de tout ce qu’on me reproche, posez la question aux victimes elles-mêmes.

En sus, le Général est par moment applaudi par l’auditoire libre quand il brandit son identité de libérateur, du héros national grâce à qui les séléka ont été chassés.Il ne cesse de dire que c’est absolument grâce aux Antibalaka que le sanguinaire régime Séléka a été renversé. Mais, le  président de la cour a dû à un moment, suspendre l’audience à cause des applaudissements fanatiques venant de partout soutenir les propos non fondés du Général Andjilo. Aussi, il a appelé l’auditoire à la distinction d’actes de bravoure posés par Andjilo des charges retenues contre lui pendant la transition, période  où les Séléka n’y étaient plus. Et les gens oublient facilement tous les maux infligés par ce dernier aux populations. On dirait que ce ne sont pas tous les faits retenus par l’instruction, et ses crimes dépassent le seul cadre des infractions criminelles ordinaires précitées. Il y a eu des femmes et des filles violées, des villages pillés et détruits, des vies humaines supprimées par ce dernier, relevant du droit international humanitaire. Bref, des crimes contre l’humanité, crimes de guerre qui n’ont pas malheureusement été retenus par le juge d’instruction. Et en principe, la cour doit se dessaisir de cette affaire pour la renvoyer devant la Cour Pénale Spéciale,celle créée par la loi n° 15.003 du 03 juin 2015. Elle est compétente pour tous les crimes précités notamment les violations graves des Droits de l’Homme, les violations graves du droit international humanitaire, les crimes contre l’humanité, crimes de guerre, crimes de génocides, commis depuis 2003 jusqu’à nos jours.

Cette cour est une juridiction complémentaire au système judiciaire national. Cependant, elle a la garantie de la primauté de compétence vis-à-vis des juridictions nationales et elle peut se désister au profit de la cour pénale internationale(CPI), si le besoin se fait sentit. Elle est composée du personnel international, soit douze (12) magistrats internationaux au nombre desquels figure le procureur de la cour pénale spéciale, et du personnel national, soit treize(13) magistrats nationaux dont le président de la cour.

Si le Général Andjilo se cache derrière sa casquette du libérateur centrafricain pour se défendre, il doit par la même occasion savoir que ce sont ces mêmes centrafricains qui ont saisi la cour pour demander justice. Il a tué de sang froid l’adjoint au maire de Bouka, un gendarme, un apprenti chauffeur pour ne citer que ceux-là, qui ne sont pas Séléka mais de paisibles citoyens. Aussi, les victimes ainsi que leurs témoins ont refusé de se présenter devant la cour pour se protéger des conséquences de leur déclaration, c’est-à-dire les possibles représailles de la part des milices Antibalaka qui sont encore dans la nature. Ainsi, le procès d’Andjilo doit être un message lancé à l’endroit de toutes les milices rebelles qui continuent de sévir librement sur la quasi-totalité du territoire national, tuant, massacrant, violant, pillant…

Le droit international humanitaire applicable dans l’affaire Général Andjiro, dit que les parties à un conflit feront, en tout temps, la distinction entre la population civile et les combattants, de façon à épargner la population civile et les biens civils… Les personnes mises hors de combat et celles qui ne participent pas directement aux hostilités ont droit au respect de leur vie et de leur intégrité physique et morale. Elles doivent être traitées avec humanité, sans aucune distinction de caractère défavorable…Or, le général a séquestré des personnes, en a tuées d’autres pour X et Y raison, sans citer des cas de pauvres femmes et de filles violées par lui et ses éléments, lesquels ont aujourd’hui de problèmes de santé par rapport aux maladies sexuellement transmissibles contractées telles que le VIH. Donc, c’est des bourreaux de la société qui méritent de peines exemplaires.

Par ailleurs, pour que tous les cœurs soient nets, il doit avoir la traque de tous les responsables Séléka qui sont ici à Bangui, dans les provinces ou ailleurs avec les moyens mis à la disposition de la Cour Pénale Spéciale assistée la par la Minusca et la police judic

 nationale. Il est temps de lancer des mandats d’arrêt contre ces X personnes, afin de promouvoir une justice sociale capable de transformer, d’éduquer, de soigner et de réparer. Car, le dit-on, « Quand les êtres humains sont destructeurs, nuisibles, hostiles et agressifs, c’est l’ordre de la société et de l’humanité qu’ils asservissent à ces mêmes instincts. C’est pourquoi on voit clairement où les normes de l’humanité ont été abolies. La voie pour sauver la civilisation contemporaine de la destruction qui la menace consiste à rééduquer les êtres humains sur la base de l’amour, de la tolérance et du dialogue, de s’organiser ». Pour ce faire, punir ou corriger est le grand amour qui doit aider à la réinsertion et à la quiétude sociale…

                                                      Max-Landry Kassaï

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