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La première revue annuelle du Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA) tenue à l’hémicycle de l’assemblée.

Il s’est tenu le  mardi 12 décembre dans l’hémicycle de l’assemblée nationale la première revue du RCPCA, un an après la table ronde de Bruxelles durant laquelle 2.5 milliards de dollars ont été retenus  par les pays donateurs et les bailleurs de fonds pour le relèvement de la République. C’est le bilan d’une première partie des fonds déjà versés pour dégager ce qui a marché et ce qui n’a pas marché. Cela s’est fait en présence du Président de la République, du Représentant résident de la Banque Mondiale, de la Cheffe d’Unité de la Direction Générale pour la coopération Internationale et du Développement, de l’Union Européenne, du Représentant du Secrétaire Général de l’ONU, du Président de l’Assemblée Nationale…

                Présentation du RCPCA

La République Centrafricaine a élaboré un programme national de développement couvrant la période 2017-2021 appelé  le RCPCA « soutenu par la communauté internationale, qui a pris l’engagement, le 17 novembre 2016 lors de la conférence des bailleurs de fonds de Bruxelles de mettre à la disposition de la RCA 2,2 milliards de dollars.

Ce plan qui se veut un instrument pour relever les défis économiques importants et de lutter contre la pauvreté qui entravent la paix et le progrès social s’appuie sur trois grands piliers :

•             Le premier pilier a pour objectif de restaurer la paix, la sécurité et la réconciliation, facteurs fondamentaux pour le relèvement et la normalisation.

•             Le second pilier a pour objectif de renouveler le contrat social entre l’Etat et la population, en renforçant sa présence et en développant son aptitude à fournir les services sociaux de base tels que l’éducation, la santé, l’eau et l’assainissement.

•             Le troisième pilier a pour objectif de promouvoir le relèvement économique et de relancer les secteurs productifs, afin d’offrir rapidement aux populations des activités génératrices de revenus et des possibilités d’emploi dans les grands secteurs productifs, ainsi que de procéder à des investissements qui stimuleront le climat des affaires et des investissements

Plusieurs objectifs transversaux ont aussi été jugés indispensables pour traiter les facteurs de fragilité, de conflit et de violence dans chacun des piliers.

         Cadre organisationnel

Le cadre institutionnel de coordination et de suivi de la mise en œuvre du RCPCA est défini par le décret présidentiel n° 16.378 du 5 novembre 2016. Il comprend (i) les organes d’orientation politique et de pilotage que sont le Conseil d’Orientation et le Comité Directeur Conjoint ; et (ii) les organes techniques et opérationnels de coordination et de suivi de la mise en œuvre que sont le Secrétariat Permanent du RCPCA, le Cadre d’Engagement Mutuel (CEM), et les Groupes de Coordination Programmatique des trois piliers du RCPCA.

Le Conseil d’Orientation présidé par le Président de la République Chef de l’État constitue la plateforme politique de haut niveau où le Gouvernement et les principaux partenaires techniques et financiers représentés en RCA (i) échangent sur les mesure concrètes de haut niveau à prendre pour la mise en œuvre effective du plan national, y compris les politiques publiques et les réformes structurelles et (ii) s’assurent de la cohérence entre le RCPCA et le CEM. Il se réunit tous les trois mois ou de manière exceptionnelle en cas de besoin.

Afin de confirmer la centralité du rôle du gouvernement et des départements ministériels dans la mise en œuvre du plan national, le Premier Ministre Chef du Gouvernement a mis en place par arrêté n° 005 du 9 août 2017 le Comité Interministériel de Suivi (CIM) du RCPCA.  Ce dernier a pour principal objectif de renforcer le leadership stratégique du Gouvernement et le leadership programmatique et technique des départements ministériels.

Le Comité Directeur Conjoint (CDC) mis en place en janvier 2017 est coprésidé par le Ministre de l’Économie, du Plan et de la Coopération et, par la Délégation de l’Union Européenne au nom de la communauté internationale.  Le CDC est le moteur principal de la coordination et du suivi de la mise en œuvre du RCPCA.  Ses missions principales sont (i) de convenir par consensus sur les orientations stratégiques de mise en œuvre ; (ii) d’assurer le suivi stratégique  des progrès réalisés ; (iii) de commanditer des évaluations indépendantes ; (iv)  d’assurer la coordination, l’harmonisation et l’alignement des ressources nationales et internationales sur les priorités du RCPCA ; et (v) de porter à l’attention du Conseil d’Orientation sur les questions d’ordre politique qui peuvent altérer la bonne mise en œuvre du plan national. Le CDC se réunit régulièrement au moins une fois par mois. et comprend une représentation de la Présidence, de la Primature et de l’Assemblée Nationale.

Le Secrétariat Permanent du RCPCA est devenu officiellement opérationnel le 26 octobre 2017 avec la prise de fonction de son Secrétaire Général, et de 5 experts nationaux. Ils sont appuyés par des assistants techniques mis à disposition par les principaux partenaires au développement de la RCA. Sous la direction du Secrétaire Général, et se dotant d’instruments solides de suivi et de communication, le Secrétariat Permanent est à même de remplir ses missions en collaboration étroite avec les autres organes de coordination et de suivi du RCPCA.

Les Groupes de Coordination Programmatique (GCP) – à l’instar de ceux qui ont préparé le RCPCA entre juin et novembre 2016- sont identifiés dans le décret présidentiel comme composante essentielle de l’architecture de coordination du plan national à mettre en œuvre.

3.            L’analyse du Cadre d’Engagement Mutuel sur les activités réalisées en 2017

Des progrès ont été réalisés par la République centrafricaine dans la mise en œuvre des priorités contenues dans le Cadre d’Engagement Mutuel, en particulier au niveau de la paix et sécurité, la justice et les droits de l’homme. Ces progrès ont trait à la mise en place de la Cour Pénale Spéciale (CPS), la formulation et l’adoption des principales politiques et stratégies DDR/RSS ainsi que la tenue régulière des sessions du Comité Consultatif et de Suivi avec la participation des 14 groupes armés. Il est à noter aussi des initiatives au niveau de la relance économique, de la gouvernance politique, administrative et financière (mise en place des institutions constitutionnelles dans le délai requis, adoption de la stratégie nationale de la restauration de l’autorité de l’Etat etc.), et de la réconciliation nationale (mise en place du comité de pilotage de la Commission Vérité Justice, Réparation et Réconciliation, l’initiative africaine de paix avec la feuille de route adoptée le 14 juillet 2017 à Libreville).

Malgré les progrès notés, des défis énormes d’ordre sécuritaire, socioéconomique, politique et humanitaire restent et nécessitent des mesures hardies, afin que le relèvement socioéconomique et la consolidation de la paix, soient une réalité en RCA.

4.            Les grands axes du RCPCA : réalisations, contraintes et défis.

C’est en termes de piliers que les principaux axes du RCPCA sont constitués. Cette armature a été faite en tenant compte des problèmes générés par de conflits politico-militaires que le pays a connus.

4.1.        Pilier 1 : soutenir la paix, la sécurité et la réconciliation.

 Il vise le désarmement et la réinsertion des ex-combattants, la réforme du secteur de sécurité et de justice, la réconciliation et la cohésion sociale ainsi que le retour de réfugiés.

Quelques réalisations

-              Le programme de réduction de la violence communautaire a absorbé jusqu’en novembre 2017 un total de 7 681 combattants à Bangui et 2 319 membres des communautés à Paoua.  Au courant de l’année 2017, un total de 1 694 enfants a été libéré par les groupes armés dont 645 filles (38%). Ceci représente un taux de réalisation en 2017 de 34 % sur une cible de 5 000 enfants à libérer pendant la période 2017 – 2019.

-Onze  (11) unités de Police et de Gendarmerie sont en cours de réhabilitation ou ont été totalement réhabilitées. 

-              L’évaluation de tous les locaux conformément à la structure organisationnelle révisée de la Police et de la Gendarmerie en dehors de Bangui a été partiellement finalisée en 2017 et a porté sur les unités de Bouar, Sibut, Berberati, Bossangoa, Bambari et Bossembele.

4.2.        Pilier 2 : renouveler le contrat social entre l’Etat et la population.

Ce pilier propose des activités pour assurer le rapprochement de l’Etat et la population.

Quelques réalisations :

-              Douze préfets sur seize sont installés dans leurs juridictions sur les 16 préfectures que compte le pays. Le déploiement a été facilité avec l’appui de la MINUSCA.

-              Des infrastructures sanitaires et scolaires ont été construites pour certaines, réhabilitées pour d’autres, (cas du Lycée Technique à Bangui, Ecole des métiers d’art, Lycée moderne de Sibut) et récemment deux centres de formation des jeunes ont été inaugurés au village Mandjo et à Nzila dans la périphérie de Bangui.

4.3.        Pilier 3 : assurer le relèvement économique et la relance du secteur productif.

Il a pour objectif de Relancer et développer de manière durable les secteurs productifs (agriculture et élevage, industries extractives et forestières), réhabiliter et construire les infrastructures (notamment électricité, routes et moyens de communication), et assurer les conditions-cadre pour le développement du secteur privé et de l'emploi 

-              En ce qui concerne les infrastructures routières, les travaux de réhabilitation de la route Kaga-Bandoro – Ndélé sont partiellement réalisés avec 230 kilomètres de routes réhabilitées et 32 200 mètres de fossés construits

-              Des voiries urbaines ont été réhabilitées à Bangui  avec environ 10 kilomètres asphaltés et dans les villes secondaires 286 kilomètres réhabilités par la méthode à Haute Intensité de Main d’Œuvre (HIMO).

5.            Principales contraintes et défis rencontrés dans la mise en œuvre des piliers.

-              La recrudescence des affrontements, au cours de cette année, entre groupes armés de tout bord a affecté les populations dans différentes régions du pays qui n’aspirent qu’à la paix.

-              La cessation effective des hostilités sur le terrain, le redéploiement des Forces armées et la multiplication des groupes armés qui ne sont pas contrôlés restent des défis permanents.

-              La présence du personnel judiciaire et pénitentiaire qualifié et en nombre suffisant sur les lieux de travail reste un défi majeur.

-              La situation sécuritaire préoccupante, qui s’est dégradée dans de nombreuses régions en 2017, représente un obstacle important. Ces problèmes de sécurité affectent les projets déjà actifs avant 2017 et qui continuent leurs activités, ils retardent aussi la préparation de projets et la mise en œuvre effective des projets lancés en 2017.

-              La faible appropriation du Plan National de Relèvement et de la Consolidation de la paix (RCPCA) reste un défi fondamental à relever.

6.            Synthèses des financement et données chiffrées RCPCA

-              Financement national : 74 milliards de CFA (à fin Octobre 2017)

-              Financement extérieur : 138 milliards de CFA dont 74 milliards au titre d’appuis budgétaires dont une partie attendue à fin Décembre 2017.

-              340 projets

-              Plan Opérationnel de Stabilisation Immédiate de Bambari (POSIB) : 50 milliards de CFA

Toutes les synthèses émises lors de cet atelier doivent orienter le gouvernement et ses partenaires dans les nouvelles dispositions qui seront prises après l’installation du secrétariat permanent pour aboutir effectivement au relèvement de la nation comme souhaité par les partenaires au développement.

Aussi, il était question que les 2.5 milliards de dollars soient versés au pays sur une période de trois ans. Mais le pays n'a jusqu'alors reçu que 138 milliards de francs CFA, nettement inférieur aux attentes du peuple centrafricain, vu la portion gigantesque des défis à relever.

Par ailleurs, Bruxelles a promis versé 20% supplémentaire des fonds alloués au RCPCA, afin de faciliter l'avancée des travaux déjà entrepris ou en passe de réalisation. Mais, notre grande inquiétude est que le pays risquerait de pas consommer les 2.5 avant l'échéance, à cause de la lourdeur du gouvernement ou de la présentation des projets concrets aux partenaires. 

Enfin, les fonds alloués au RCPCA ne doivent pas souffrir de détournement ou de blanchissement de la part des autorités gouvernementales, comme nous commençons à voir des villas et des maisons en étage construites ça et là par ces derniers. Nous restons donc sur nos gardes quant à la correcte utilisation de ces  fonds dont nous ne cesserons de dénoncer la mauvaise gestion.

                                                          Max-Landry Kassai

 

 

La première revue annuelle du Plan de Relèvement et de Consolidation de la Paix en Centrafrique (RCPCA) tenue à l’hémicycle de l’assemblée.
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